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AIR FRANCE : UNE STRATÉGIE DE RESTRUCTURATION

Cet été, Air France dévoilait le rapport d’un groupe d’experts indépendants qui avait eu pour mission d’analyser la situation économique de la compagnie, d’en tirer des conclusions et de produire des recommandations. Lionel Guérin, Président Directeur Général de HOP, a été chargé de mettre en œuvre un projet de restructuration des réseaux court et moyen courrier Air France, de Hop (Britair, Régional et Airliner) et de Transavia.

L’objectif, d’après ce que nous en comprenons, c’est à terme la rationalisation du point à point et le développement concurrentiel du « Low-Cost Transavia ».

HOP ! AIR FRANCE

Ce qui nous a été présenté, contrairement aux annonces faites par les médias, consiste à regrouper dans une seule entité commerciale les forces de ventes de HOP et le Commercial FRANCE afin d’optimiser l’offre sur le point à point, en adaptant les modules avions à la demande.

Dès lors où la Direction respecte ses engagements vis à vis des personnels : « ni modification ou transfert des contrats de travail, ni mobilité forcée des salariés des différentes bases », l’idée ne semble pas saugrenue. Développer une synergie de groupe sur ce réseau, plutôt que de continuer une guerre fratricide entre les différents acteurs du groupe, est une vraie plus value économique.

En fait si l’on en croit les déclarations de nos Présidents, outre une réorganisation des réseaux de vente, rien ne changera pour les PN, ils continuerons à opérer sur leurs compagnies respectives, avec leurs propres conditions de travail et de rémunération.

TRANSAVIA

Depuis 2008, les milieux autorisés en matière économique, font un constat quasi unanime, le Low-Cost est un acteur incontournable du développement. Quelque soit le secteur d’activité, il prend une place prépondérante dans le partage de la croissance. On aura beau regretter les discours d’antan dans lesquels on nous expliquait que nous ne faisions pas le même métier, que le marché allait se réguler et les industries à bas coût disparaître, la réalité est bien là : dans un marché à faible croissance, elles ont leur place.

Partant d’un principe économique très simple, pour qu’une activité soit rentable il faut soit avoir un produit à faible marge de rendement, mais du volume, soit moins de volume mais beaucoup de valeur ajoutée, du haut de gamme autrement dit.

Dans l’automobile, une marque comme Renault qui a diversifié sa gamme de vente en proposant des DACIA moins chères et une amélioration de sa gamme Renault résiste mieux que PSA. On constate que toutes les entreprises qui cherchent à se maintenir sur un segment de produits médiums finissent par disparaître.

Aussi, le projet, d’appuyer le développement du Groupe AF sur le développement de Transavia pour challenger EZY, Vueling, Ryannair et consorts, tout en faisant monter en gamme le long et le moyen courrier Air France, paraît être d’une grande cohérence économique.

LA CRAINTE SOCIALE

La crainte sociale est légitime et l’actualité industrielle et économique n’est pas là pour nous rassurer. Il suffit d’ouvrir un journal pour constater le peu de croissance, sauf celle du chômage, les fermetures d’entreprises et les traditionnels chantages au moins disant social.

Dans ce contexte, il est tout à fait normal que l’on (et à fortiori des organisations professionnelles) s’inscrive dans des logiques du pire, donc dans des positions extrêmement défensives. A peine sortis des efforts « Transform » on nous annonce « Perform », ça n’a rien de rassurant et surtout pas encourageant pour soutenir un projet ambitieux de mutation économique.

Bien évidemment nous ne sommes pas dupes, si nous la laissions faire, la Direction ferait le choix de nous imposer des conditions dégradées, donc moins coûteuses. Mais est-ce réellement nouveau ? De mémoire de syndicaliste, jamais un salarié ne s’est vu convoquer par son Patron pour se voir proposer des repos supplémentaires, des augmentations et l’amélioration de ses conditions de travail.

C’est donc notre rôle de rester vigilant, sans angélisme et sans catastrophisme, il faudra peut-être imaginer d’autres systèmes, définir de nouvelles priorités,… ou pas.

La grève de septembre des pilotes a permis à la Direction de sauter sur l’occasion de diviser les populations en affichant publiquement les écarts des efforts réalisés dans le plan « Transform ».

Si nous tombions dans le piège de la division interprofessionnelle nous prêterions inévitablement le flanc à nos détracteurs : des financiers qui raisonnent en coût plutôt qu’en valeur ajoutée.