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Torpeur estivale

Il aura fallu trois mois pour trouver un dirigeant pour l’une des plus grandes entreprises française. Du point de vue des salariés et des citoyens que nous sommes, au delà du choix du candidat, il est consternant de constater que les responsables de cette entreprise, le conseil d’administration, la Présidente, le gouvernement, aient pu laisser un vaisseau amiral dériver sur cette période.

La conséquence : un été catastrophe en termes de conditions de travail, conditions de voyage pour nos passagers, des avions en tolérances, des tensions flottes, des tensions équipages, des annulations de vol, des affrètements pas toujours heureux, un arrêt sur toutes les négociations en cours.

C’est donc 15 jours avant une rentrée qui s’annonce compliquée que toutes ces personnes responsables sortent de la torpeur estivale pour tenir un Conseil d’administration, qui va nommer un Directeur Général cet après-midi. Ouf que…

Sujet tellement brûlant et urgent que nos administrateurs ne seront pas tous physiquement présents, mais grâce aux nouvelles technologies ils seront joignables. Vive le télétravail.

Quand nos principaux concurrents se mettent en capacité quotidienne de s’adapter à des stratégies de marché pour capter de la croissance, à Air France, nos dirigeants partent en vacances. Mais ils ont au moins un alibi : le modèle social français est fagocité par de méchants syndicats.

Alors quitte à ne pouvoir rien faire, autant partir « en vacance ».

On nous annonce, avant même le Conseil d’administration, la nomination d’un nouveau Directeur Général d’Air France/KLM, Monsieur Benjamin Smith, numéro deux d’Air Canada, après qu’il ait lui même démenti sa candidature dans un courrier interne à destination des salariés d’Air canada, il y a environ une semaine. Nous verrons bien dans quelques heures la fin de cet épisode à suspens.

Nous n’avons aucune critique à formuler sur ce choix, nous ne sommes que des représentants salariés et sommes convaincus qu’un Patron reste un Patron, qu’il soit français ou canadien. Contrairement à certains syndicats, notamment pilotes, nous n’avons pas la prétention de choisir la marque de la corde qui va servir à nous pendre.

Ce que l’on peut dire par contre, c’est tout d’abord que la nouvelle nomenclature du pouvoir qui s’annonce, et en particulier le maintien d’une Présidente non exécutive par intérim à durée indéterminée et ce malgré la nomination d’un Directeur exécutif, nous semble particulièrement étrange.

Cela veut-il dire que dans cette nomination il faut y voir la pression de Delta, comme une sorte d’OPA sociale et un gouvernement qui tient à garder un pied dans l’encadrement de la porte ?

Il n’échappera à personne qu’outre le niveau de rémunération annoncé de Monsieur Benjamin Smith, trois fois celui de Monsieur Janaillac, (celui qui nous a demandé notre confiance et puis s’est barré), il va falloir cumuler avec la rémunération de la Présidente.

Nous n’adhérons pas aux déclarations de l’intersyndicale qui consistent à dire qu’elle refuse un patron étranger pour AF/KLM. Comme si les dirigeants à la culture française de ces dernières années avaient démontré une quelconque pertinence ?!

Par contre, et c’est le message que nous passerons quelque soit le nouveau boss, il va falloir très rapidement qu’il apporte des réponses à nos demandes d’augmentations de salaire, mais aussi qu’il fasse le ménage afin de faire cesser les causes de la situation actuelle :

  • dogme des économies à tout va, plutôt que la recherche de croissance,
  • désastre industriel organisé du groupe,
  • sous dimensionnement des personnels  dont on paye tous les jours les pots cassés,
  • attrition organisée de la maison mère AF,
  • projets commerciaux tous plus fumeux les uns que les autres,
  • incapacité à peser sur l’Etat pour qu’il arrête de nous prendre pour une vache à lait,
  • dialogue social calamiteux .

S’il s’attaque à tout cela lors on pourra se dire que l’on est sur le bon chemin !