L’annonce du Ministère de tutelle sur l’embauche par Air France de
1000 ex-Air Lib dont une petite moitié pour le PNC, bien que plus
généreuse qu’initialement annoncée, se doit d’être modulée dans l’attente de
plus de précisions sur le rythme et l’échéance de cette embauche.
Air France a annoncé pour sa part qu’elle prévoyait l’embauche d’environ 1.000
salariés d’Air Lib d’ici la fin de son exercice au 31 mars 2004, ce qui
représente un peu moins d’un tiers des effectifs d’Air Lib.
C’est bien, à notre sens, davantage sur le remplacement des effectifs et le
développement d’Air France que se situent les perspectives d’emploi les plus
vraisemblables.
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Le tract de la section UNAC Air France >>>>>>
UNE TRAGEDIE ANNONCEE
DÉFERLANTE.
Parmi les très nombreux plans sociaux et
fermetures d’entreprises qui déferlent actuellement en France (les moins
médiatisés constituant d’ailleurs le plus grand nombre), le sort d’Air Lib
nous concerne tous directement en tant que citoyens et en tant que PN.
ANGOISSE ET DÉSARROI.
Dans le monde du transport aérien, peu
de collectivités auront connu ce qu’ont vécu les personnels d’Air Lib et des
différentes compagnies (TAT, AIR LIBERTE, MINERVE, AOM) qui l’ont
constituée. Depuis quelques années, ils vivent de fusions en prises de
contrôle, de changement d’actionnaires en plans sociaux, de menaces en
ultimatums. Au point qu’aujourd’hui ces personnels ne comprennent pas que
leur entreprise qui avait traversé tant de mauvais coups puisse arrêter son
exploitation. Les conditions acrobatiques dans lesquelles survivait Air Lib
(charges sociales non payées, taxes d’atterrissage non versées, etc…)
étaient forcément prémonitoires de l’actuelle situation. Mais les salariés
et syndicats d’Air Lib avaient-ils vraiment tort de réclamer l’aide de
l’Etat quand on sait que tant de grandes fortunes en France ont comme
origine des fonds publics et que, pour ne s’en tenir qu’au transport aérien,
si Air France s’est redressée, c’est non seulement au prix d’une gestion
douloureuse pour ses personnels (les PNC en savent quelque chose), mais
aussi grâce à l’aide financière de l’Etat (3 milliards d’Euros), il est vrai
son actionnaire quasi unique à l’époque…
RESPONSABILITÉS.
En lisant les journaux, c’est fou le nombre
de bons docteurs, de gestionnaires autoproclamés, qui savaient ce qu’il
fallait faire ou ne pas faire, etc. C’est, a posteriori, bien commode !
C’est vrai qu’Air Lib n’a pas su clairement choisir entre le long et le
moyen-courrier, et qu’elle a tenté de pratiquer du « low fare » sans réunir
les conditions indispensables au « low cost ». Mais, encore plus que ses
problèmes internes, ce sont surtout les circonstances extraordinairement
mauvaises qui ont joué contre Air Lib. Tout d’abord, les versements promis
non effectués par l’actionnaire déficient Swissair, ensuite le contexte
géopolitique et économique peu favorable au transport aérien depuis les
attentats du 11 septembre 2001 et, en tout état de cause, à l’investissement
dans ce secteur d’activité. Et il est aussi vrai que le changement de
majorité consécutif aux élections législatives de 2002 n’a pas arrangé les
choses.
HYPOCRISIE GOUVERNEMENTALE.
Aidée par le
Ministre des Transports (communiste) de la majorité parlementaire
précédente, il est évident qu’Air Lib n’allait pas connaître les mêmes
faveurs de la part d’un nouveau gouvernement de tendance pour le moins
libérale…, qui s’est employé pendant les premiers mois de la législature à
détricoter ce qu’avait fait son prédécesseur en matière de durée du travail,
protection sociale, emploi… Et puis, comment croire à l’intérêt véritable
du gouvernement à la survie d’Air Lib quand on sait que, depuis des mois,
des proches du Président de la République sont à la manœuvre pour créer leur
propre compagnie sur les DOM ? Quant à « l’effort » du gouvernement pour
reclasser les personnels consistant à convoquer les responsables
d’entreprises du secteur (encore) public (Aéroports de Paris, SNCF, Air
France) sans que rien de concret n’en sorte, il s’apparente davantage à
l’obsédante entreprise de communication qu’à l’immédiate et prosaïque
réalité.
EMPLOIS.
Les perspectives d’emploi des salariés d’Air Lib sont
assez facilement identifiables. Une possibilité résulterait de la création
de la compagnie Air Dom que nous évoquions plus haut, mais dont on peut
s’interroger sur le fait de savoir si elle ne générerait pas (et combien ?)
davantage d’emplois dans les DOM qu’en métropole. Autre possibilité encore,
l’arrivée massive de compagnies « low cost » étrangères, d’EasyJet
notamment, à l’affût des milliers de créneaux horaires libérés à Orly. Mais
il est douteux qu’une compagnie britannique embauche beaucoup de salariés en
France quand on sait qu’à cause des charges sociales notamment, ils coûtent
25 % de moins lorsqu’ils sont recrutés en Grande-Bretagne ou en Irlande !
Reste enfin Air France qui, bien que demandeur de créneaux, n’en obtiendra
qu’une toute petite partie (Bruxelles oblige). L’annonce du Ministère de
tutelle le 18 février sur l’embauche par Air France de 1000 ex-Air Lib dont
une petite moitié pour le PNC, bien que plus généreuse qu’initialement
annoncée, se doit d’être modulée dans l’attente de plus de précisions sur le
rythme et l’échéance de cette embauche.
C’est bien
davantage sur le remplacement des effectifs et le développement d’Air France
que se situent les perspectives d’emploi les plus vraisemblables.
QUE POUVONS-NOUS FAIRE ?
L’UNAC n’a jamais attendu le dernier
moment pour intervenir tant auprès des Pouvoirs Publics que de la Direction
d’Air France lors de suppression d’emplois PNC dans les diverses compagnies
aériennes. La Direction d’Air France nous a toujours reçus et écoutés, mais
sans jamais nous répondre officiellement ni s’engager formellement… Ce que
nous avons demandé est simple : qu’une priorité de candidature soit accordée
aux PNC licenciés, que les critères de sélection et notamment d’âge soient
assouplis. Et nous avons toujours surveillé cela avec beaucoup d’attention.
Les résultats ne sont pas négligeables puisque, par exemple, à la suite du
dernier plan social d’Air Lib en 2001, près de 600 PNC ont été embauchés.
Aussi, l’UNAC considère que si des PNC d’Air Lib sont embauchés à Air France
ils le doivent à deux facteurs : les besoins d’effectifs à Air France et
leurs mérites personnels. A ce sujet, d’autres syndicats ont moins de
scrupules. Ainsi il y a quelques jours au cours d’une commission du CCE, la
CGT réclamait-elle l’embauche immédiate de tous les salariés d’Air Lib avec
reprise d’ancienneté et de salaires. On imagine la tête du PNC depuis 15 ans
à Air France voyant passer devant lui pour une
sélection/affectation/promotion un PNC arrivé depuis 15 jours !.. Au drame
Air Lib, hein, pourquoi ne pas ajouter le bordel à Air France ?
CONSÉQUENCES DIRECTES.
Les PNC d’Air France ne seront pas que
« spectateurs » de la déconfiture d’Air Lib mais, ainsi qu’on va le voir,
acteurs directement concernés.
Et cela à deux titres au moins :
• si 1 400 PNC Air Lib en activité (grosso modo 1000 PNC et 400 PNT) se
retrouvent sans emploi dans les jours à venir, cela ne pourra qu’avoir de
sérieuses conséquences sur les ressources de la Caisse de Retraite des
navigants et des incidences sur les taux de cotisation et futures pensions
des 30 000 PN qui y cotisent ;
• si des dizaines de milliers de
créneaux horaires sont attribués à des compagnies « low cost » (dont le PN
est étranger), la concurrence sera terrible, voire insupportable pour Air
France sur certaines lignes, avec toutes les conséquences qu’on imagine sur
l’activité de la Compagnie, ses résultats économiques, son personnel.
Vous voyez bien que le sort des PN d’Air Lib nous concerne tous, directement !
ENVIRONNEMENT ET POLITIQUE CONTRACTUELLE.
Cet environnement
dangereux et prévisible (sans parler de la future guerre en Irak et des
mesures de rétorsion US à l’égard de la France) a fait depuis quelques mois
l’objet de débats animés au sein de l’UNAC. C’est notamment une des raisons
qui nous a conduits à vouloir un accord collectif PNC d’une durée longue et
d’un contenu aussi vaste que possible. On pourra, bien entendu, trouver, en
fonction de son grade, de son ancienneté, de son affectation telle ou telle
disposition insuffisante. C’est normal.
Mais, à moins d’être
syndicalement autiste, ne peut-on un peu relativiser les critiques quand on
voit ce qui se passe à côté, vraiment tout à côté ?