L’ancien patron d’Air Lib affirme avoir protégé Air France
Mis sur le gril par la commission d’enquête parlementaire créée pour
analyser la débâcle d’Air Lib, son ancien patron Jean-Charles Corbet a
provoqué l’étonnement mercredi, en justifiant son action par la
volonté de protéger les intérêts d’Air France, son rival naturel.
Pour donner suite à l’enquête ouverte sur l’affaire Air Lib, pour analyser
la débâcle de la Compagnie, son ancien PDG Jean-Charles Corbet a provoqué
l’étonnement, en justifiant son action par la volonté de protéger les
intérêts de la Compagnie Nationale Air France, son rival naturel. Monsieur
Corbet a ainsi affirmé avoir agi plus en tant que salarié d’Air
France que Patron des anciennes compagnies AOM-Ai Liberté …
"Il s’agissait, avec cette reprise, de faire en sorte qu’Air France n’ait
pas un concurrent, mais qu’Air France ait, à côté d’elle,
une entreprise qui lui permette de continuer à se valoriser et à se développer
sans avoir une épine dans le pied", a-t-il déclaré lors de sa
première audition devant la Commission d’enquête parlementaire, et la
première ouverte à la presse.
"C’est pour cela que j’ai pu dire service commandé", a-t-il ajouté en
référence à des propos tenus lors d’une émission télévisée.
Le rôle exact des relations entretenues par M. Corbet, alors
président du Syndicat majoritaire des pilotes de ligne d’Air France (S.N.P.L)
et la direction du groupe dans la reprise d’AOM-Air Liberté, a figuré au
centre des questions posées par les membres de la Commission d’enquête
présidée par le député Patrick Ollier ( Charles de Courson (UDF, Marne), à l’issue de
l’audience.
"On voit bien qu’il a eu beaucoup de mal à finir par dire qu’il était là
pour protéger les intérêts d’Air France", a-t-il ajouté.
Or, "ce qu’il nous a déclaré n’est pas cohérent avec ce que nous a déclaré
le président d’Air France, sur le problème de savoir s’il était en service
commandé", a poursuivi M. de Courson. "Il dit que oui. Or, on
n’a pas la même réponse du côté d’Air France", a-t-il ajouté.
"Le deuxième problème intéressant, ce sont ses réponses sur les
rémunérations et ses rémunérations, en particulier personnelles", a
poursuivi M. de Courson.
"C’est quand même assez étonnant d’être l’actionnaire unique d’un groupe et
de se rémunérer en expliquant que s’il avait été licencié par Air France,
il aurait touché la somme d’un peu plus de 900.000 euros nets d’impôts et de
cotisations sociales, et donc qu’il était logique qu’il se l’attribue à lui
même", a-t-il estimé.
Au cours de l’audition, M. Corbet, qui a prêté serment, a reconnu avoir reçu
de la société Holco, fin septembre 2001, un "bonus d’accueil" de 5,6
millions de F (environ 855.904 euros) en plus de son salaire
mensuel de 25.650 euros, soit 307.800 euros annuel, ce qui fait
un revenu pour l’année 2001 de 1.163.704 euros pour le compte de JC
Corbet dans une entreprise ou les économies étaient soit disant essentielles
Il a justifié ses émoluements en expliquant qu’en prenant la direction d’Air
Lib, il abandonnait sa place à Air France, les indemnités et autres
avantages qu’il aurait pu obtenir en cas de licenciement. Une explication
qui n’a pas convaincu les parlementaires.
A sa sortie, M. Corbet s’est déclaré "extrêmement surpris". "Je croyais
venir en audition dans une commission parlementaire et je me suis trouvé
face à un tribunal populaire avec des juges et un procureur".