
Plus qu’une « restructuration de l’entreprise », c’est à une « restructuration du dialogue social » en profondeur à laquelle il faut nous préparer. Le bulldozer est en marche, tout va être rectifié, aplani, arasé, c’est un nettoyage par le vide, un nivelage complet des protections des salariés. Le socle conventionnel disparait, ne restera que le filet de sécurité offert par la loi ou dans certains cas très rares par des conventions collectives de branche (que la Direction d’AF ne peut pas dénoncer de sa seule initiative), pour les PN il s’agit de l’accord collectif de branche sur la RTT.
Même Christian Blanc n’était pas allé si loin lors de la dernière crise grave traversée par Air France.
Si la Direction va si loin ce n’est pas pour nous faire travailler une heure de plus par mois ou pour gagner 5 à 10 % de productivité supplémentaire.
Prenons un exemple, pioché au hasard dans la liste des accords dénoncés : l’accord concernant le recrutement et l’utilisation de PNC de nationalité étrangère à l’union européenne signé le 11 août 2008.
Cet accord prévoit les dispositions suivantes :
A votre avis, quels sont les points qui ont motivé une dénonciation ce cet accord par la Direction ?
Est-ce la limitation du nombre de PNC de nationalité étrangère à 8 % de l’effectif ?
Ou bien est-ce l’obligation prévue par cet accord d’embaucher ces PNC en contrat de droit français à durée indéterminée et l’obligation de les baser à Paris ce qui rend obligatoire le paiement des cotisations sociales en France ?
Nous avons un avis sur la réponse, mais nous ne la donnerons pas ici pour ne pas être accusés de faire un procès d’intention à la Direction (c’est pas beau les procès d’intention, nous on n’aime pas quand on nous en fait, alors…).
Mais chacun d’entre vous connait l’importance d’avoir un effectif croissant de PN cotisant à la CRPN pour tenter d’assurer un certain équilibre des comptes de notre caisse de retraite complémentaire quand le nombre de PN retraités ne cesse de croitre.
Que se passerait-il si le développement d’Air France dans les pays offrant de réelles perspectives de croissance (Asie, Amérique du sud, …) se faisait avec du PN basé localement et ne cotisant pas à la CRPN ?
Tous ces accords et notamment celui-ci vont devoir être renégociés. Mais ces négociations, nous allons devoir les faire avec un droit de grève sérieusement « revisité » par le Gouvernement.
En effet, la restriction du droit de grève, qui vient d’être votée par
l’Assemblée Nationale mais qui n’a pas encore été étudiée par le Sénat
(une session est prévue le 15 février au Sénat sur ce sujet), vient
opportunément donner un sérieux coup de main à la Direction d’Air
France. Et plus
on entrave la liberté des syndicats à utiliser la menace d’un conflit
social, plus on entrave leurs capacités de négociation. (en savoir plus…)
Si
on ne parvient pas à négocier des accords de substitution et à négocier
le prolongement de l’accord collectif PNC à durée déterminée dans de
bonnes conditions, notre population se retrouvera à poil !
Tous
en grève pour préserver le droit de grève dans le transport aérien. On
va en avoir besoin rapidement et malheureusement très souvent pendant
les prochains mois.