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Fin de conflit

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Nous vous avions promis de nous exprimer à l’issue de ce conflit. Normalement, ce n’était pas à nous de le faire en premier, mais devant le mutisme des protagonistes et vos nombreuses et légitimes interrogations, nous en sommes arrivés à la conclusion que nous devions vous communiquer notre analyse de la situation d’après conflit.

Nous avons pris une position différente et nous vous l’avons expliquée : repousser ce préavis fin octobre et continuer la négociation. Cette position n’a pas été partagée.

Ce mouvement a été suivi c’est indéniable, chacun se fera une opinion sur le débat des chiffres, 37% pour la Direction, plus de 70% pour les syndicats grévistes. Mais au fond, nous considérons que ce débat ne nous regarde pas,  ce qui nous intéresse c’est le bilan social de cette grève : qu’est ce qui était demandé et qu’est-ce qui a été obtenu ?

La revendication pour maintenir le conflit était d’obtenir la prolongation de l’accord collectif, au delà de 17 mois. Sortie de conflit : Victoire ! Nous avons obtenu une date de réunion le 24 août, comme le déclare un représentant syndical de l’intersyndicale sur le JT de France 2, du 2 août.

Très clairement nous ne partageons toujours pas la même vision. Nous nous perdons même dans toutes ces incohérences. De vous faire croire que le résultat d’un conflit c’est la mobilisation et seulement la mobilisation, tient de la manipulation… de masse.  Qu’avons nous obtenu collectivement, grâce à vous qui vous êtes mobilisés ? La reprise de négociations qui se sont interrompues le 22 juillet (parce qu’il y avait un conflit de 7 jours sur une période cruciale pour l’entreprise, donc pour nous tous) et qui ne reprendront que le 24 août.

En effet, nous ne reprendrons le dialogue que fin août, faute d’interlocuteurs,  juste pour préserver une trêve estivale. Bref, nous avons obtenu des vacances pour nos Patrons. La belle affaire !

Outre qu’à l’issue de ce conflit il n’a été obtenu que de perdre du temps dans cette négociation, nous redoutons  de subir d’autres conséquences.

  • La première, c’est l’incertitude de voir la Direction revenir sur les avancées que nous avions obtenues, sur toute la période de négociation. Pour mémoire, le projet d’accord était mis à signature jusqu’au 22 juillet ; théoriquement il n’existe plus…
  •  La deuxième, c’est de nous retrouver en situation de faiblesse dans la négociation. Il est indéniable et c’est un constat, que nous sommes aujourd’hui la corporation mise à l’index dans l’entreprise. Hier c’était celle des pilotes, celle qui a accepté de reporter son conflit, celle qui est désormais libre de nous pointer du  doigt, malgré tout son soutien d’affichage sur le maintien du conflit.
  • La troisième, c’est qu’en novembre, nous allons nous retrouver sur le même calendrier de négociation que les pilotes. En effet, la Direction entend prolonger notre accord actuel de façon unilatérale jusqu’à la fin février 2017. Il y aura forcément des arbitrages à faire entre les demandes des deux corporations, sous la loupe des représentants des personnels sol. Nous risquons d’avoir des revendications contradictoires. La Direction cèdera-t-elle aux uns ou aux autres ?  Nous verrons…

Nous aurions pu au moins essayer de réfléchir ensemble sur les enjeux qui concernent notre corporation PNC, ce ne fût pas le cas, c’est simplement dommage et peut être dommageable.

Encore une fois, nous regrettons de ne pas réussir à partager notre vision du syndicalisme : celle qui consiste à aller au bout de la négociation avant de passer la barrière de la contestation.

Nous prônons un syndicalisme responsable, pas raisonnable ; un syndicalisme qui donne priorité au dialogue pour obtenir des compromis et pas des compromissions comme certains aiment le rabâcher.

Un syndicalisme responsable, parce qu’en élisant vos responsables syndicaux, vous leur demandez de prendre des responsabilités, pour garantir au mieux les conditions de travail et de rémunération. Nous affirmons que la seule différence entre un syndicat représentatif et un syndicat non représentatif, c’est la capacité légale du premier à pouvoir négocier. Se couper de ce devoir, c’est renier la responsabilité qui lui est conféré par le vote des salariés.

Le populisme est une politique syndicale proprement malheureuse, mais elle est des plus faciles à faire  entendre. Il y a des périodes (électorales par exemple, celles des promesses) durant lesquelles on peut  comprendre que certains en usent. Mais il y en a d’autres durant lesquelles, nous n’avons pas le droit de mélanger les objectifs.

Nous espérons pouvoir nous retrouver fin août pour travailler de manière concertée avec les deux autres syndicats représentatifs et nous concentrer sur le même objectif : obtenir un accord avant le 31 octobre. S’il peut paraître anodin d’être régit de façon unilatérale sur une prolongation de quatre mois de notre accord, à l’UNAC, nous le redoutons. C’est prendre un risque. Se donner du temps, quand on en manque, c’est une bonne idée, pour faciliter le dialogue.

Mais il nous reste du temps, même si nous en avons perdu : deux mois sont suffisants pour finaliser un accord dont tout le monde reconnaît qu’il est en courte finale.

 

Eric CHAUVEL – Vice-président de l’UNACERIC