NOUAKCHOTT (AP) Le président mauritanien, lui-même ancien putschiste,
a été renversé par un coup d’Etat. Un groupe d’officiers de l’armée a
profité mercredi de l’absence de Maaouyia Ould Sid’Ahmed Taya, qui se
trouvait en Arabie pour les obsèques du roi Fahd, pour prendre le contrôle
de la capitale, Nouakchott.
Plusieurs centaines de personnes ont fêté la fin du règne dictatorial du
chef de l’Etat mais les dirigeants africains ont condamné le putsch,
affirmant que l’ère de l’autocratie et du pouvoir militaire devait céder la
place à la démocratie sur le continent.
Les putschistes, qui se sont présentés comme le Conseil militaire pour la
justice et la démocratie, ont proclamé le coup d’Etat par le biais de
l’agence de presse officielle mauritanienne. «Les Forces Armées et de
Sécurité ont unanimement décidé de mettre fin aux pratiques totalitaires du
régime déchu dont notre peuple a tant souffert ces dernières années»,
annonce les auteurs de cette proclamation.
«Ces pratiques ont engendré une dérive dangereuse pour l’avenir du pays. A
cet effet, les Forces armées et de sécurité ont décidé de la mise en place
d’un Conseil militaire pour la justice et la démocratie», souligne le
communiqué, en précisant que ce Conseil s’engage «à créer les conditions
favorables d’un jeu démocratique ouvert et transparent sur lequel la société
civile et les acteurs politiques auront à se prononcer librement».
Le groupe précise qu’il n’exercera pas le pouvoir pendant plus de deux ans,
le temps de mettre en place des institutions démocratiques et qu’il
respectera toutes les conventions et traités internationaux ratifiés par la
Mauritanie.
Le président Taya avait lui-même pris le pouvoir en 1984 grâce à un coup
d’Etat militaire, et n’hésitait pas, depuis, à se montrer sans pitié
vis-à-vis des opposants.
Dans son
quartier général d’Addis-Abeba, en Ethiopie, le président de l’Union
africaine, l’ex-président malien Alpha Oumar Konaré, a pourtant rejeté «tout
changement non-constitutionnel de gouvernement». Une porte-parole du
président nigérian Olusegun Obasanjo a également condamné le coup d’Etat.
Après l’annonce du coup d’Etat, la plupart des magasins et des bureaux sont
restés fermés, mais des centaines de personnes ont célébré l’événement dans
le centre de la capitale, saluant les soldats putschistes gardant le palais
présidentiel, et criant des slogans en arabe contre le président Taya.
«C’est la fin d’une longue période d’oppression et d’injustice», affirmait
Fidi, un fonctionnaire. «Nous sommes très contents de ce changement de
régime».
Ces événements sont survenus en l’absence du président Maaouyia Ould
Sid’Ahmed Taya, parti à Riyad pour les funérailles du roi Fahd, célébrées
mardi. De retour d’Arabie saoudite, le président mauritanien est arrivé
mercredi au Niger. Alors que son avion attendait sur le tarmac, le président
Taya a eu des entretiens à l’aéroport avec son homologue nigérien Mamadou
Tanja. Il n’a pas parlé à la presse, maintenue à distance. Il s’est ensuite
rendu dans une villa de la capitale, Niamey, où il devrait rester quelques
jours, selon des responsables nigériens.
Le président Taya avait survécu ces dernières années à plusieurs tentatives
de coup d’Etat, dont l’une, en 2003, avait provoqué plusieurs journées
d’affrontements dans la capitale. AP
NDLR : Outre les personnels d’escale, nous n’avons normalement pas
d’équipage présent sur place et le vol de ce jour ne s’est pas posé à
Nouackchott.
Dernière minute : Reprise de la desserte de NKC.