
Crise en Europe, crise en France, crise dans le transport aérien, crise à Air France…
Ces crises, décroissances et récessions ne font que renforcer les égoïsmes. Ne tombons pas dans ce piège !
Le cynisme des entreprises n’est pas une surprise, elles font leur marché dans un monde déréglementé pour préserver leurs « parts de marché ». Les règlements ne parviennent que trop faiblement à encadrer ce phénomène d’autant plus qu’en la matière c’est le consommateur qui a le pouvoir et le plus souvent ce pouvoir rend le consommateur/salarié/citoyen complètement schizophrène. Ainsi, le salarié d’Orange se plaint de la menace que Free fait peser sur son emploi et cela en utilisant les avions de Ryanair pour partir en week-end…
En tant que salariés d’Air France/citoyen/consommateur sommes-nous si différents ?
Pourtant, quand la crise est si forte, quand l’avenir est si incertain qu’on n’y voit qu’une promesse de catastrophe, quand la récession de l’économie n’offre comme perspective qu’une dégradation de nos conditions d’emploi et de rémunération, il faut résister à la tentation de l’individualisme.
Ces crises qui poussent à l’égoïsme sont dangereuses pour une collectivité comme la nôtre.
La partition de la compagnie en centres de résultat, business units, unité de production, quelque soit le nom qu’on leur donne, pourrait pousser à considérer que les activités les moins rentables devraient être « externalisées ».
Nous ne devons pas tomber dans ce piège !
Que l’on soit jeune ou ancien, que l’on soit affecté sur court courrier ou sur long courrier, que l’on soit hôtesse/steward, CC ou CCP, nous faisons tous partie de la même collectivité.
C’est cette collectivité, dans son ensemble que l’UNAC veut défendre. Ne laissons pas de prise à ces tentations isolationnistes qui pourraient nous pousser à en « sacrifier » certains pour préserver les autres. Ce serait un piège dont notre collectivité ne se remettrait pas.
C’est justement parce que l’avenir est incertain et menaçant qu’il faut affronter cette incertitude en étant tous rassemblés. L’avenir ne va pas forcément pour le meilleur, mais tous ensemble nous avons la possibilité d’agir. Les seuls qui peuvent se permettre de penser ou d’agir de façon individualiste sont ceux qui ont une qualification rare et recherchée. Les autres, comme les rédacteurs de ce bulletin, sont trop faibles (quelles que soient leurs compétences dans leur métier) pour rester isolés.
Cette collectivité rassemblée, nous allons en avoir besoin. En effet, les pièces du puzzle continuent de progressivement se mettre en place en Europe et on commence à entrapercevoir la « big picture » de ce que pourrait devenir le transport aérien mondial.
Association commerciale entre AF-KL et Ethiad dans laquelle nous n’avons aucune garantie sur le fait que le supplément d’activité généré sera effectué, ne serait-ce qu’en partie, par Air France donc avec nos heures de vol.
Découpage de KLM en deux morceaux Moyen Courrier et Long Courrier…
Association future avec Air Berlin, là encore si du chiffre d’affaires supplémentaire était généré par une telle association, qui ferait les heures de vol ?
Association entre Emirates et Easyjet : quand le plus gros opérateur européen s’associe avec la deuxième plus grande compagnie mondiale en SKO, la compagnie qui a commandé le plus grand nombre d’A380 au monde (90 commandes fermes, soit 40 % des commandes mondiales d’A380), qui peut s’imaginer que cela n’aura pas d’impact sur nos emplois ?
Rachat de Vueling par British Airways…
Association annoncée entre Lufthansa et Turkish Airlines…
Plan social en négociation chez Alitalia qui envisage 700 licenciements dont 300 PNC.
Plan social en discussion chez Ibéria qui envisage la suppression de 4500 emplois.
Plan social chez AF avec suppression de 5 000 emplois.
Disparition de dizaines de compagnies aériennes en Europe en même temps que les bénéfices des compagnies low cost telles que Ryanair explosent !
On arrête là pour la big picture, on en a assez vu.
Dans cet environnement anxiogène, le chacun pour soi n’est pas une solution.
A l’UNAC nous considérons qu’il faut établir une hiérarchie des problèmes et identifier des priorités.
Pour nous, incontestablement, la priorité c’est l’emploi. Ce qui doit guider notre action, c’est la recherche de dispositifs et de garanties qui permettent de préserver l’emploi des PNC de la compagnie.
Devant tant d’incertitudes, le meilleur des dispositifs pour apporter de la stabilité et de la prévisibilité (pendant un certain temps) c’est la construction et/ou la préservation d’un Accord Collectif PNC.
Dans un tel moment de rupture entre un passé idéalisé (la nostalgie permet d’idéaliser même les vols de nuit en quatre étapes) et un futur vu comme une catastrophe annoncée, un Accord Collectif à durée déterminée permet de stabiliser nos conditions d’emploi pendant sa durée d’application et d’empêcher que la dégringolade ne nous fasse arriver trop bas.
Restons solidaires, ne tombons pas dans le piège de l’égoïsme et de l’individualisme.
Que l’on soit affecté à ORY ou à CDG, que l’on soit CCP ou CC ou HST… ne tombons pas dans le piège de la division.