
L’annonce de l’opération « EAP by ACL», en décembre dernier nous inquiète au premier chef. Malgré les déclarations de la Direction, qui se veulent rassurantes (pas de vols pris sur le marché d’Europe Airpost, la préservation de nos emplois), l’annonce de la création d’une base d’exploitation au départ de Dublin, avec un 737 au CTA irlandais et des équipages sous contrats irlandais, ne peut que nous engager à la plus grande méfiance.
Bien sûr chacun souhaite le développement du groupe ASL et de ses deux filiales. L’argumentaire économique, un peu simpliste, qui consiste à nous expliquer que pour garantir la pérennité de nos emplois, il faut délocaliser l’activité ne tient que le temps, durant lequel, les actionnaires ne se posent pas la question de la rentabilité unitaire.
Hugh FLYNN, dans son courrier tente bien maladroitement de nous rassurer :
il nous annonce vouloir mieux et plus communiquer (la belle affaire…),
il nous affirme que le service à bord sera du niveau de la qualité des prestations habituellement fournies par EAP, (en somme le maintien de la qualité de service par un personnel qui coûte moins cher),
l’emploi sera préservé (dans une Compagnie où 65% du personnel travaille sous contrat déterminé, chacun jugera la hauteur du risque à ne pas respecter cet engagement),
enfin il ne souhaite pas remplacer le personnel d’EAP par du personnel irlandais basé en France (ça, on en est certain, puisque la législation française prévoit que tout personnel basé en France doit souscrire aux prestations sociales françaises).
La Direction ne manquera pas de vous expliquer par quels méandres les cerveaux malades de syndicalistes paranoiaques passent pour aboutir à des conclusions qui, de manières «irresponsables», finissent par inquiéter tout le monde. Et pourtant les exemples sont légions, le prix de la main d’oeuvre est un critère incontournable dans le montage économique de tout système industriel. Pour contourner la législation nationale, un moyen simple : délocaliser les unités de production, donc à terme l’emploi. Ce fût le cas, dès le début du mois pour « Renault », qui malgré un plan de relance à la crise financé par les contribuables, envisageait de produire la « CLIO » en Turquie. Il aura fallu l’intervention de l’Etat, pour contraindre la grande entreprise automobile.
Si raisonnablement on peut penser que l’exploitation du réseau postal avec nos avions ne risque pas d’être opérée au départ d’une base irlandaise, le développement « charter » envisagé d’EAP, avec des modules, tous pax pourraient bien vite exciter l’acuité financière de nos actionnaires.
Comme vous avez pu le lire dans les différentes communications, l’ensemble des organisations syndicales est inquiet de cette situation, mais à part exprimer notre désaccord nos marges de manoeuvre sont très minces.
Certains proposent de contractualiser le périmètre de l’emploi afin de limiter l’exploitation au départ de la base de Dublin. C’est bien évidemment une démarche que nous soutiendrons, même si l’expérience nous montre qu’un accord sur le périmètre de l’emploi se définit toujours, soit sur une durée déterminée trop courte, soit sur des critères d’objectifs et non pas sur des limitations fermes.
Pour nous il est grand temps de montrer collectivement notre détermination à la Direction. C’est pourquoi, nous avons pensé vous interroger par référendum sur l’opportunité d’engager un conflit sur deux sujets qui nous tiennent à coeur : développer l’emploi à EAP et contractualiser le plus largement possible nos conditions de travail et de rémunération.
Depuis plus de deux ans, nous nous efforçons de négocier un accord collectif. En 2009, alors que nous étions arrivés à finaliser un texte, certains nous ont fait le reproche, et parfois de façon violente, de ne pas avoir obtenu assez.
Aujourd’hui, où en sommes-nous ? Nulle part ! Aucune avancée notable, les dossiers sont enterrés au fur et à mesure, au grand damne, de ceux qui vous avez promis monts et merveilles.
Et si ce n’est pour la plus grande satisfaction de la Direction, c’est au moins pour celle des actionnaires, pour qui «contractualisation» rime avec «contrainte», tant qu’ils n’ont pas compris que cela pouvait aussi rimer avec «paix sociale».
Il est urgent de voir contractualiser nos conditions de travail, de repos et de rémunération. Après la délocalisation d’unités de production, il ne faudrait pas voir poindre la déréglementation et l’individualisation des normes de travail. On nous a souvent fait de mauvais procès, on nous en fera encore.
Les YAKAFOKONS et les donneurs de leçons ne manquent pas tant du côté syndical que du côté Direction. Il nous faut désormais rapidement aboutir et clore les négociations.
Certes, nous avons obtenu la mise en oeuvre d’une commission PNC, où nous avons la possibilité de traiter des dysfonctionnements récurrents que rencontre notre population dans l’exécution de notre métier, mais nous ne pouvons nous contenter de cette réunion à la place de réelles dispositions contractuelles.