
À situation exceptionnelle, adaptation exceptionnelle. Jamais dans l’histoire de l’aviation nous n’avions vu une telle désorganisation du transport aérien, l’éruption du volcan islandais, générateur du nuage de cendre et qui depuis vendredi dernier a paralysé la totalité de l’Europe et une grande partie du reste du monde. Tout le monde en connaît les conséquences, des milliers de passagers et de membres d’équipage bloqués aux quatre coins de la planète.
Il semblerait que le trafic aérien national soit en bonne voie pour retrouver une capacité de vol nominale, avant le début de la semaine prochaine. Mais la désorganisation de ces 5 derniers jours a de fait, d’autres conséquences en cascade et notamment sur la re-planification des TDS de la fin avril pour l’ensemble des PNC. C’est devant cette situation que la Compagnie a pris l’initiative de demander des mesures dérogatoires à l’ACG, pour permettre de disposer de la plus grande réactivité et d’optimiser la disponibilité des ressources PNC pour la reconstruction des plannings du mois, sans surcoût PNC.
Ce midi tous les syndicats PNC ont été convoqués à une réunion sur la présentation d’un Accord provisoire de dérogation à certaines règles de l’accord collectif du PNC jusqu’au 30 avril 2010. Rappelons que seuls les syndicats signataires de l’ACG PNC (ce n’est pas le cas de l’UNAC) sont en capacité de négocier une dérogation. Il s’agissait donc pour les « non-signataires », d’une simple réunion consultative. D’ailleurs il semble que la négociation entre la Direction et les syndicats signataires (SNPNC-FO, UNSA et CFTC), ait continué après notre départ. À ce stade, voici les demandes exprimées par la Direction :
Mesures nécessaires pour disposer de la plus grande réactivité pour la reconstruction des plannings du mois d’avril :
· Report au 28 avril de l’échéance de publication des TDS du mois de mai.
· Fermeture de l’accès au CPPE jusqu’au 15 mai pour tout échange de rotation et report de l’accès au CPPE des PNC EUR de mai à juin 2010 et des PNC AME au-delà.
· Par exception, le contact des PNC pourra s’effectuer par appel téléphonique sur son téléphone portable et pas uniquement par SMS.
· Par exception, possibilité d’utilisation d’une dispersion jusqu’au jour J-1 inclus : dés lors qu’un SMS/contact téléphonique est émis par l’entreprise, le PNC doit se conformer à sa nouvelle programmation.
· Par dérogation au GENOPS, chapitre « Composition d’équipage » § 4.2. –Fonction Sécurité Sauvetage et en accord avec OA.NA, la fonction CC d’un vol court ou moyen-courrier pourra être assurée par un PNC compétent sur le type avion (prioritairement un CCT sinon le PNC le plus ancien dans la classe la plus élevée avec un minimum d’ancienneté).
Mesures permettant d’optimiser la disponibilité des ressources PNC pour la reconstruction des plannings du mois d’avril :
· Par exception, non garantie de la stabilité des plannings.
· Par exception, possibilité d’étendre le délai d’attribution des courriers de substitution de 1h30 à 3h.
· Embargo des journées Jokers jusqu’à la fin du mois.
· Par exception, le RPC des rotations CC/MC ayant un RPC supérieur ou égal à 48 heures, pourra être réduit à 16h dont 1 RNN ; le reliquat étant attribué sous forme de RADD non accolé.
· Par exception, pour les PNC en dispersion du fait de l’annulation de leurs rotations, permettre un positionnement d’un maximum de 2 OFF sur ces journées.
· Par exception, pour les PNC en rotation au moment de l’arrêt des vols, et ayant eu un « temps d’arrêt en escale » supérieur à 48h, report possible d’un jour OFF par tranche de 24h d’arrêt au-delà de 48h, avec un report maximum de 2 jours OFF. Ces jours OFF seront transformés en RADD.
· Par exception, non accolement des RADD acquis sur la 2ème quinzaine d’avril, le report s’effectue selon les règles de l’ACG § 4.7.4. (LC) et 3.6.5. (MC).
Mesures permettant une reprise des opérations sans surcoût :
· Par exception, la possibilité d’utilisation d’une dispersion jusqu’à J-1 inclus ne donnera pas lieu à l’attribution d’un RADD.
· Par exception, les RADD résultant de compositions d’équipage seront exclusivement attribués sous forme de repos à compter de l’hiver 2010. La valeur du RADD sera abondée de 100%.
Certes, nous pouvons tous comprendre les difficultés que rencontrent les services de suivi dans cette période d’incertitude et de chaos, pour une bonne raison : c’est que bon nombre d’entre nous, bloqués en escale ou avec des plannings déstabilisés, ont dû faire preuve d’une extraordinaire adaptabilité pour réorganiser leur vie privée et ce quelquefois des coins les plus reculés de la planète.
Certes, nous pouvons comprendre qu’il faille s’adapter par dérogation à une situation exceptionnelle, par le passé nous n’avons pas manqué de le faire mais toujours avec des compensations pour les équipages concernés.
Si nous avions été dans une situation de négocier ces dispositions, nous aurions, au vu de la courte période d’application de cette dérogation, accepté bon nombre des demandes de la Direction, à l’exception impérative de toutes celles qui impactent le repos des PNC.
Pour l’entreprise, il est simple de nous expliquer qu’il faut faire des efforts en cas de crise et il lui est malheureusement tout aussi facile de nous expliquer qu’en temps normal, quand nous lui demandons une adaptation particulière et individuelle que ça n’est pas prévu et donc impossible. Nous ne sommes pas convaincus par l’argument économique invoqué par la Compagnie, s’il est bien réel, il ne manquera pas d’être compensé par des assurances ou/et par des aides gouvernementales ou/et par des allègements de charges sociales. Nous avons du mal à croire qu’à ce moment-là les PNC, ayant dû couvrir des frais supplémentaires pour s’adapter à cette situation de déstabilisation (frais de garde d’enfant, frais d’annulation de réservation de vacances, frais de transport et d’hébergement…), puissent espérer une quelconque compensation financière.
Non seulement toutes ces demandes n’engendrent aucun surcoût pour la compagnie mais elle génèrent parfois des gains. Une fois encore on demande au personnel de compenser la faculté récurrente de l’entreprise à ne pas savoir faire face aux situations de crise. À ce titre et considérant que toutes ces mesures et, bien entendu, si elles sont acceptées par les syndicats signataires, auraient des conséquences sur l’ensemble du PNC, l’UNAC a officiellement demandé deux « OFF » supplémentaires pour chaque PNC avant la fin de l’année 2010, qui pourrait éventuellement effacer une absence sur la période de reprise de l’activité.