
La Division AMERIQUES, ou l’ordre des priorités
Il est des sujets dont la priorité varie selon l’importance qu’on lui
attache.
Le comité hébergement LC est une instance qui se réunit tous les deux mois,
à laquelle assistent toutes les organisations
professionnelles PNC et PNT et où l’actualité des conditions d’hébergement
est abordée. La Direction informe les Organisations Professionnelles des
évolutions d’hébergement qu’elle envisage, en passant en revue toutes les
escales LC. Les Organisations Professionnelles rapportent à la Direction les
expériences qu’ont connues les équipages au cours de leurs missions.
C’est dans ce Comité que la Direction a tenté il y a quelques mois de nous
faire avaler un changement d’hébergement des équipages de
Tokyo vers l’aéroport de Narita. Un (ex) cadre
PNC de la Division Asie a même eu l’audace de tenter de nous faire croire
que dormir juste à côté de l’aéroport était un must pour les PN; qu’il y
avait un peu de verdure autour de l’hôtel Radisson de Narita Aéroport et
que les PN s’y sentiraient délicieusement bien. Les arguments qui étaient
avancés pour accréditer son opinion sur la question étaient d’un très haut
niveau: "Les PN ne veulent plus être en ville, les PN veulent être
à côté de l’aéroport car la navette les fatigue (la
navette, ça fatigue, mais le NEV ça ne fatigue pas !) Il y a
tout pour être heureux: une piscine, des équipages de compagnies
américaines, un buffet "All-you-can-eat" etc.
"
Pour confirmer ce qui s’est avéré être une belle ânerie, il était stimulé
pendant son "voyage d’étude" par un responsable des Achats qui partageait
l’idée que le blockhaus à côté de Narita était véritablement l’Ashrâm idéal
et fabuleux où les PN pourraient véritablement avoir un aperçu des délices
du Nîrvana.
Un coup de canon et Exit le Blockhaus.
Quelques mois plus tard, dans ce même Comité, ce même responsable des Achats
nous informe en pleurnichant que le Sutton Place de Los Angeles envisageait
de faire des travaux (20 millions de dollars, excusez du peu) et que nous
devrions aller ailleurs.
Tous vos représentants se sont exprimés en proposant, puisque nous devons
quitter cet hôtel, de repenser globalement l’hébergement de Los Angeles. En
effet, les PN comprennent difficilement pourquoi on leur fait faire entre
une heure trente et deux heures de navette pour se retrouver à proximité
d’un autre aéroport dont le trafic est impressionnant. C’était oublier que
le bon sens n’est ni forcément omniprésent, ni a fortiori omnipotent.
Il a été proposé au PN de se déloger en face de l’hôtel Sutton, soit dans
l’hôtel Radisson (oui, encore un Radisson !). Grâce à sa localisation, cet
hôtel permettrait aux équipages de mieux voir les avions décoller de
l’aéroport John Wayne. Vous aviez le son au Sutton, on vous ajoute l’image
au Radisson. L’avantage d’être exactement au bout de la piste d’un aéroport
réside dans le fait que vous ne subissez plus de décalage entre le le son et
l’image. Passer du différé au direct, voilà la belle avancée proposée par
les Achats, et validée par la Division Amériques.
Malgré ce non-sens absolu, les Organisations Syndicales se sont déplacées et
ont testé l’hébergement dans cet hôtel. Aucun des PN du vol en question n’a
résisté à la tentation de s’équiper de boules Quiès afin de ne pas perdre
une miette de l’environnement sonore de ce petit paradis.
Tous les syndicats qui ont participé à cet essai
hébergement ont remis un avis DEFAVORABLE à cet
hébergement pour les raisons décrites.
"Donc on va ailleurs" vous imaginez-vous.
C’est sans compter sur la délicatesse de la Division Amérique. "On les
mettra quand même dans cet hôtel, même si tous les syndicats disent non.
Mieux ! On distribuera un questionnaire aux équipages des 15 premiers jours
et après un petit tri, on montrera ce que l’on veut. Ca passera comme une
lettre à la poste."
Belle marque de respect pour notre population. Et surtout, excellente
réactivité pour battre de vitesse les représentations légales des PNC, et
même nier la responsabilité et la légitimité du Comité Hébergement tout
entier.
Dommage que cette réactivité de la Division Amérique n’ait pas été aussi
exemplaire envers l’équipage d’un récent vol vers Buenos-Aires…
Christophe DROPSY