
Il y a deux ans maintenant l’Airbus
340/300 F-GLZQ sortait de piste sous un violent
orage, rebondissait à 150 km/h dans le ravin
pour finalement s’arrêter 30 mètres plus
bas les trains arrachés et
un feu important sous l’aile gauche ,
à coté d’ un ruisseau
gonflé par les pluies diluviennes ! En deux minutes tous les
occupants de l’appareil ont été
évacués avant que l’avion
n’explose !
Chacun
avait pu alors s’extasier sur l’efficacité de
l’équipage et promettre,
Direction d’Air France en tête, de mettre tous les moyens en
oeuvre et tirer tous les enseignements de cette
performance !
L’heure
est au bilan :
Coté
aménagements avions :
- le
mégaphone en porte 2 sur Airbus est probablement
« à l’étude «
- la
fixation des
tringles à rideaux couramment dompté avec un
plomb
Unisto certainement « en cours d’évaluation «
-
Sur 777/300 le meuble en 5 gauche est, à n’en pas
douter »en cours » de démontage
-
Sur 747/400 le mégaphone situé dans la
trappe plafond de la 2G fait aussi probablement l’objet d’une
concertation des plus expertes quant à la
difficulté éventuelle pour y accéder
durant une évacuation !
-
Toujours sur 747/400 les ZI etr ZJ ont la grande
particularité d’avoir la commande de demande
d’évac dans le meuble CCP !! L’avantage c’est que
,du coup ,quelqu’un va certainement pouvoir s’occuper de la porte
!!
Et la liste n’est pas exaustive !!
Coté exploitation de
l’expertise de l’équipage :
Au
BEPN on s’est bien empressé de traiter
la « sortie de
piste » cette année sans tenir compte de notre retour
d’expérience, le tout sous couvert du fait qu’on ne peut
exploiter cet accident en interne avant la fin de l’
enquête !
Comme ça quand l’heure sera enfin venue le
cas aura déjà
été
traité ! C’est ballot hein !!
Cette newsletter
intègre, ci-dessous, une séquence
vidéo, si elle n’apparaît pas cliquez ici.
Vu et
revu par GEO, ce
reportage sur l’accident de l’AF
358 du 2 août 2005 nous rappelle avant tout qu’il ne s’est
rien
passé depuis deux ans pour corriger les problèmes
auquels
nous avons eu à faire face.
Deux
années durant lesquelles la Compagnie s’est
empressée
de ne pas tirer les leçons de
l’expérience vécue.
Rappelons,
à nouveau, ce qui nous a posé de réels
problèmes et qui aurait été si simple
à
résoudre :
Le manque d’un
mégaphone en porte 2G
Les difficultés
occasionnées par la chute des
tringles de rideaux
Des check-list
d’urgence inadaptées
Des lampes torches
individuelles inadaptées
Seule une réelle
mauvaise volonté de la
Compagnie ou un « je m’en foutisme total », peuvent justifier ce
désintérêt.
Vous
noterez, avec le même étonnement que moi,
qu’il a été bien plus simple
d’équiper la porte 5G des B777 d’un
imposant
meuble interdisant toutes évacuations à deux de
front. A noter qu’il y a encore peu, les
dernières livraisons de B777 intégraient toujours
ce meuble.
Sans parler de ce qui aurait
pu être fait en matière
de formation suite au retour
de cette expérience.
Mais au-delà
des petits fours, articles de presse interne et autres attentions
particulières, rien,
nada, nothing, nil sur le plan de la sécurité !
Autre point inabouti, nos interventionssyndicales et individuelles multiples pour que la saisonnière de ce
vol
obtienne des GP à
vie…
Mes
pensées
vont vers mes collègues qui vont, s’ils ne le connaissent
déjà, découvrir avec sans doute une
grande émotion, cette tranche vidéo commune de
nos
carrières.
par
Thierry FAUTREL,
délégué Alliance PNC, CCP de l’AF 358
« On peut se mettre en
colère, à condition de le demander gentiment. »
Coluche