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L’UNAC n’est pas d’accord avec la signature de l’accord collectif PNC Air France

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L’UNAC N’EST PAS D’ACCORD
La plus grande partie des mesures que nous avions négociées sont reprises dans le nouvel accord. Toutefois, en choisissant de privilégier l’augmentation des primes de vol au détriment de l’amélioration des grilles de salaires et des compositions équipages, les syndicats signataires ont fait le choix de conserver l’injustice engendrée par la création de la B Scale et de maintenir la pénibilité de nos conditions de travail en demandant que les compositions équipages du B777-300 ne soient pas augmentées d’un PNC comme promis par le Président Spinetta. xxxxxxxxxx

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GRILLE DE SALAIRES

La grille de salaires est un élément « structurant » de la progression salariale des PNC. Elle définit le salaire d’embauche et la vitesse de progression pour atteindre le haut de la grille. C’est en tripatouillant cette grille qu’en 1995 la Direction avait créé la B-Scale (ajout de classes et d’échelons en début de carrière). Ce n’est qu’après 50 jours de grève, entre 1995 et 2000, que l’UNAC a pu améliorer cette grille de salaires pour tenter de corriger les effets de la B-Scale.

Chacune des négociations sur le renouvellement de l’Accord collectif PNC AF (1999, 2001, 2003) a permis de progressivement corriger la grille de salaires pour tenter de retrouver la grille qui existait avant 1995. Avec cette négociation, en 2008, l’occasion nous était fournie d’apporter une nouvelle correction à la grille de salaires par une amélioration du salaire en début de carrière et une réduction de la durée de séjour en 2e classe, pour ceux qui n’avaient pas eu la chance d’avoir une promotion chef de cabine.

Pour la 1re fois depuis plus de 10 ans, la Direction avait accepté de satisfaire cette revendication. Mais, les signataires (UNSA, SNPNC, CFTC, FO) en ont décidé autrement. Ils ont refusé d’améliorer la grille de salaires et ont préféré mettre l’argent consacré à cette réforme dans une amélioration de la valeur de la prime de vol (PV).

L’argent que nous avions consacré à l’amélioration du sort des PNC qui avaient été victimes de la B-Scale va donc être distribué à tous, y compris ceux qui par ailleurs voient déjà leur rémunération augmentée par une amélioration des primes de fonction (CC Moyen Courrier, CCP), par une création de prime de fonction (CC Long Courrier) ou ceux qui sont déjà classés dans le haut de la grille (cadres).

L’amélioration de la grille des salaires, telle que proposée au référendum, aurait produit ses effets quelle que soit la croissance de l’activité de la Compagnie, quel que soit le volume d’heures de vol proposé aux PNC (quel que soit le prix du baril de pétrole) ; c’était de l’argent garanti, alors que l’amélioration de la prime de vol n’est sensible que si on fait des heures de vol, cela dépend de sa division de vol et de son agent de planning, c’est de l’argent potentiel et aléatoire (variable d’un mois sur l’autre).

La Direction ne s’y est pas trompée. L’amélioration de la grille de salaires représentait un coût d’un peu plus de 5 millions d’euros, cette somme concernait les hôtesses et stewards 2e classe (plusieurs milliers sur les 5 ans de l’accord). Ces 5 millions représentaient une dépense « certaine » pour la Direction. Lorsque les syndicats signataires lui ont proposé d’échanger cette dépense « certaine » contre une dépense seulement « potentielle » — car liée au niveau de production (la Direction ne paiera cette somme que si les PNC dépassent une certaine quantité d’heures de vol) — la Direction a sauté sur l’occasion qui lui était complaisamment offerte.

Ces 5 millions, qui représentaient 3 500 euros par an pour les PNC de 2e classe, une fois répartis entre tous les PNC, génèrent une augmentation moyenne par PNC d’environ 30 €/mois. C’est bien, mais on aurait pu faire les deux, non ?

N’est ce pas au moment où les résultats économiques sont favorables qu’il faut modifier les éléments structurels de l’évolution salariale des PNC ?

La question n’est pas «faut-il augmenter la prime de vol OU améliorer la grille de salaires» !

La réponse n’est certainement pas d’améliorer la prime de vol AU DÉTRIMENT de l’amélioration de la grille de salaires !

COMPOSITIONS D’ÉQUIPAGES

Une bonne part de la pénibilité de notre travail à bord vient de compositions d’équipages calculées au plus juste. C’est une mauvaise adéquation « service à bord/composition d’équipage » qui, depuis la mise en place du NEV, a accentué la fatigue du PNC. Depuis le NEV, l’UNAC demandait un PNC de plus par équipage, mais la Direction s’y était toujours opposée. Devant cette situation, l’UNAC avait retiré sa signature du protocole de service à bord de 1999 et réclamé des négociations sur un nouveau protocole avec une amélioration du ratio PNC/PAX donc une augmentation des compositions d’équipages.

L’occasion nous était fournie, avec cette négociation d’un nouvel Accord collectif PNC AF, d’améliorer enfin les compositions d’équipages, et le Président Spinetta l’avait même déjà annoncé : création de 400 nouveaux postes de PNC pour améliorer d’un PNC les compositions d’équipage 777 et 340.

Mais, les signataires (UNSA, SNPNC, CFTC, FO) en ont décidé autrement. Ils ont refusé d’améliorer la composition d’équipage du 777-300 (25 avions aujourd’hui, principal avion de la flotte LC, demain). Ils ont donc refusé ce que le Président avait pourtant annoncé et promis ! Ils ont préféré mettre l’argent consacré à cette amélioration des conditions de travail à bord dans une amélioration de la valeur de la prime de vol (PV).

Au-delà de la seule problématique des conditions de travail à bord, ce choix des syndicats signataires pose la question du ratio « cotisants/retraités » à la CRPN. Notre caisse de retraite souffre d’un manque de cotisants qui met en péril son existence sur le long terme. Pour compenser ce manque d’effectif, il faut travailler plus longtemps (recul de l’âge de la retraite) et cotiser de façon plus importante (diminution du pouvoir d’achat).

Nous ne sommes évidemment pas opposés à une amélioration de la rémunération, qui par ailleurs améliore les ressources à court terme de la CRPN, mais, lorsque cela se fait au détriment de la création d’emplois, au détriment de l’amélioration des conditions de travail à bord, et au détriment des ressources à long terme de la CRPN, nous ne sommes pas d’accord, surtout à un moment où on parle d’une réforme de la CRPN qui risque d’allonger la durée de carrière pour compenser un manque d’effectifs cotisants !

Pourquoi favoriser le court terme ? Le progrès social ne doit-il pas se mesurer à l’aune des garanties apportées aux salariés sur des périodes longues correspondant à une carrière complète ? Les syndicats doivent-ils copier tous les défauts de nos hommes politiques et avoir les yeux rivés sur le court terme parce que les élections sont à court terme ?

La justification habituelle des syndicats c’est : « les PNC ne comprennent pas… », « les PNC ne sont pas mûrs pour réfléchir à long terme… ». Mais, cette soi-disant immaturité des PNC n’est-elle pas le simple reflet de l’irresponsabilité des syndicats ?

Là encore, la Direction a sauté sur l’occasion qui lui était complaisamment offerte par les syndicats signataires : échanger une dépense « certaine » (création d’emplois), contre une dépense « aléatoire » et seulement « potentielle » (amélioration de la prime de vol).

Pour nous la question n’est pas « faut-il augmenter les salaires ou créer des emplois ? », mais plutôt : « à masse salariale donnée, quelle doit être la répartition entre création d’emplois et augmentation des salaires ? ».

Dans les propositions soumises à tous les PNC par référendum, des augmentations de salaires significatives se conjuguaient aux créations d’emplois ; avec cet accord les créations d’emplois ont été échangées contre une meilleure valeur de la prime de vol. Ne pouvait-on pas faire les deux ? Une majorité des PNC n’avait-elle pas dit qu’il n’y avait pas assez dans le référendum ? Comment se satisfaire maintenant d’une enveloppe constante tripatouillée ? Comment ce qui ne représentait que « des miettes » hier peut-il être considéré comme « magique » aujourd’hui ?

L’UNSA, le SNPNC, la CFTC et FO ont décidé de signer l’accord. Avec 52 % des suffrages aux dernières élections, ces syndicats sont majoritaires et par conséquent l’accord va s’appliquer.

Le Bureau Syndical UNAC a décidé de ne pas signer cet accord, mais, comme d’habitude à l’UNAC, ce sont nos adhérents qui en dernier ressort décideront et ils devront se prononcer prochainement sur cet accord, par référendum à bulletins secrets.