
Première d’une série de dépêches visant à mieux vous informer des discussions en cours sur l’avenir de notre compagnie, donc de nos emplois.
La direction d’Air Méditerranée nous impose une renégociation de notre AEPN prétextant la survie de l’entreprise. On reproche aux PN un manque de productivité, en clair de ne pas travailler suffisamment (600h en moyenne au lieu de 800 h), de bénéficier de jours de repos trop nombreux, de manquer de souplesse pour être « déclenchables » à tout moment.
La date limite pour entériner un nouvel accord a été fixée par la direction au tout début décembre.
Nous avons déjà récemment apporté de la souplesse à l’AEPN par le biais de deux avenants. On nous demande de signer un nouvel accord rapidement, trop rapidement à notre goût. Toute dégradation de nos conditions de travail est une dégradation de nos vies privées, de nos libertés et de notre dignité. En tout état de cause, il faudrait que nous puissions préserver un minimum raisonnable de plages de vie privée stabilisée, que les contreparties négociées soient fiables et les engagements respectés (retour 6e avion, jours off…).
Avant toute décision précipitée et irréfléchie, nous souhaitons partager avec vous, notre éthique, notre vision de la situation et nos objectifs. Nous voulons sortir d’une négociation où la logique d’adversité prévaut pour privilégier une logique de partenariat dans un cadre d’échanges partageant des objectifs communs pour obtenir un accord par lequel chaque partie s’estime gagnante.
Soyez assurés que nos objectifs sont de préserver au maximum l’emploi et les salaires. Nous portons donc énormément d’attention à la situation d’Air Méditerranée. Nous souhaitons tous préserver nos emplois en France. Nous souhaitons tous conserver des revenus stables et suffisants pour rassurer nos familles et éduquer nos enfants.
La bonne santé d’Air Méditerranée est aussi la nôtre.
Dans la mécanique d’entreprise, nous comprenons tous que ce n’est pas l’AEPN qui détermine la bonne ou la mauvaise santé d’Air Méditerranée puisque nos concurrents disposent de meilleures conditions de travail et génèrent des profits. Nous sommes favorables à adapter nos conditions de travail à la stratégie de l’entreprise, à condition que nous adhérions à cette stratégie dûment appuyée sur un business plan chiffré.
Nous savons tous que la situation d’Air Méditerranée est mauvaise depuis 2009 pour des raisons qui ne relèvent pas de notre responsabilité et qui sont bien antérieures à l’activation de l’AEPN (décembre 2011). De nombreuses compagnies aériennes ont fait faillite en 2011 et 2012. Citons par exemple sur le marché du VIP et du vol de dernière minute, Blue Line, sur le marché du charter, Stratégic Airlines, Hello, Dubrovnik Airlines, Mint Airways, FlyHellas, Air Finland, Astraeus. Sans parler du low-cost régulier Spanair, WindJet, Malev, BMIBaby, Cimber Sterling, OLT Express.
Le chiffre d’affaires de notre société est le plus faible de tous nos concurrents français. Le marché du charter sur moyen-courrier est en train de disparaître au profit de la vente des billets en direct et nous constatons avec satisfaction que ce choix qui semble réussir à nos concurrents est également adopté par notre PDG. Nos clients veulent vendre des destinations lointaines, seulement accessibles en gros-porteur et tous nos concurrents français sont associés à un grand groupe disposant de capitaux financiers importants.
Cependant, la réponse principale apportée par notre direction a consisté à délocaliser une grande partie de la flotte en Grèce (alors que Mr Ferretti affirme le contraire. Flash info de septembre : « Je continue de croire qu’avec une forte volonté commune, du travail (…) nous pourrons ensemble pérenniser Air Méditerranée ». Flash info d’octobre, à propos de l’AEPN : … « C’est incohérent et incompatible avec ma volonté de pérenniser l’entreprise »).
C’est une fuite en avant. Plus le chiffre d’affaires baisse, plus l’on délocalise. Dans le même temps, d’autres entreprises de notre secteur, en France, rencontrent un vif succès et ouvrent à leurs personnels, un horizon plein d’espoir et de réjouissances.
Nous allons tout au long de ces prochaines semaines, vous apporter les éléments de notre réflexion qui ne refuse pas la réalité. Nous sommes convaincus qu’il est possible de préserver la Compagnie Air Méditerranée en France et nous voulons travailler dans ce sens avec la direction.
Nous pensons qu’il faut dès maintenant travailler à un plan de redressement de l’entreprise pour retrouver la voie des profits au lieu de perdre notre temps à dégrader tous les 3 mois notre AEPN méconnu et frappé d’anathème par la direction.
Tout d’abord, nous reviendrons sur le contenu de l’AEPN en rappelant les possibilités offertes à l’employeur pour adapter le régime de travail des navigants à son activité. Puis, nous nous intéresserons à la situation d’Air Méditerranée par rapport à ses concurrents français. Ensuite, nous discuterons du modèle économique de la compagnie et de ceux de nos concurrents.
Nous ferons également référence à un diagnostic établi en 2009 par le cabinet SECAFI sur la planification des vols : source considérable de gains de productivité.