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Pourquoi l’UNAC n’appelle pas à la grève sur le protocole de service Moyen Courrier ?

La négociation du protocole de service à bord Moyen-Courrier s’est achevée
le 10 février et nous avons décidé d’apposer notre signature sur cet accord.
Cette signature est accompagnée d’une réserve importante à savoir qu’un
accord intervienne rapidement dans le cadre du suivi de l’accord concernant
l’allégement du produit sur les vols longs et une redéfinition des versions
cabines. La partie produit est en effet traitée dans les annexes de
l’accord, et ces annexes ne sont pas encore signées. Il reste encore à
conduire ces négociations qui promettent d’être animées !

Ces négociations se concluent avec le dépôt d’un préavis de grève de
plusieurs syndicats PNC. Il est donc essentiel que nous vous expliquions de
façon directe et argumentée les raisons de notre signature (même si elle est
accompagnée de réserves importantes) et nos réflexions sur ce sujet très
important pour notre métier et pour nos emplois.

Depuis longtemps déjà nous nourrissions les plus grandes inquiétudes sur la
survie d’une exploitation Moyen-Courrier sur le modèle Air France à
l’intérieur d’une compagnie aérienne internationale globale. Prise entre le
TGV et les compagnies « low cost » nous savions que la tentation serait
forte pour Air France de faire des économies sur ce secteur d’activité
essentiel pour l’alimentation du hub mais peu concurrentiel par rapport à
Easy jet, Ryanair, etc.

La concurrence exercée par des compagnies principalement britanniques, avec
des salaires de base nettement inférieurs aux nôtres, des charges sociales
beaucoup plus faibles et dans lesquelles les PN peuvent voler sans les
limitations que nous réussissons à imposer aux compagnies françaises, tire
immanquablement nos conditions d’emploi PN vers le bas, quantitativement et
qualitativement. Les dernières statistiques de la DGAC sont à cet égard
édifiantes : Easy Jet est devenue le 2e opérateur sur le marché français
alors que le trafic intérieur est retombé à son niveau de 1997 ! Seule Brit
Air réussit à tirer son épingle du jeu, mais cela n’apporte rien à l’emploi
PNC à Air France sur Moyen-Courrier. Au contraire même, sans que nos
collègues PNC de Brit Air n’en soient responsables, la filialisation de
l’exploitation MC fait peser une menace sur le modèle social que nous
cherchons à préserver en interne à Air France.

C’est dans ce contexte, qu’au mois de décembre, la Direction a dénoncé le
protocole de service Moyen-Courrier pour tenter de stopper le déficit de 100
millions d’Euros sur Moyen-Courrier, cela à l’intérieur d’un vaste plan
d’économies de 1 milliard d’Euros à l’échelle de l’ensemble de la Compagnie.
Comme nous le craignions, la Direction nous a informés brutalement de son
intention d’instaurer des compositions d’équipage mini réglementaires sur
tous les avions, de même qu’elle va réduire drastiquement les effectifs de
personnels sol en favorisant les bornes libre service. Bien qu’étant animés
d’une suspicion naturelle et instinctive dès que la direction se sert du
prétexte d’un marasme économique pour réduire les effectifs, nous ne pouvons
ignorer les difficultés que rencontre aujourd’hui le transport aérien en
général et notre réseau Moyen-Courrier en particulier.

Nous avons donc affiché clairement vis-à-vis de la Direction quelques points
clefs, essentiels pour l’avenir de notre profession :

- Le plan de résistance à la crise de la compagnie devait préserver
les emplois PNC, nous avons refusé l’externalisation ou la filialisation de
l’exploitation Moyen-Courrier.

- Toute diminution de la composition d’équipage devait être
accompagnée d’une diminution proportionnelle du service (pas d’augmentation
des charges de travail individuelles à bord).

- Nous avons refusé le dogme du « mini qualif » systématique de
certains membres de la Direction.

- Nous avons refusé la modulation des compositions d’équipage en
fonction de critères non maîtrisés par les syndicats.

C’est donc avec deux axes de travail que nous avons négocié :

A) allégement très significatif du service à bord pour ne pas
augmenter les charges de travail PNC,

B) pas plus d’un PNC en moins par équipage.

Sur le volet « compo-peq », nous avons atteint notre objectif. Sur le volet
« produit », une simplification des services et la suppression de certaines
tâches sur les vols courts ont déjà été obtenues. C’est ainsi que, par
exemple, sur tous les vols inférieurs à 3h les prestations chaudes et
froides servies sur plateaux et débarrassées à la réglette sont remplacées
par des assiettes consommables débarrassées en vrac, et ce uniquement en
classes C et S tandis que des snacks et des friandises stockés en corbeille
seront proposés aux passagers des classes tempo. Ceci conduit à diminuer la
durée du service de façon telle que sur les vols d’essai que nous avons
chronométrés, tous les services ont été finalisés, débarrassage compris bien
avant le début de la descente, pour exemple:

MAN=> 10 mn avant la descente

AMS=> 7 mn avant la descente

BLQ=> 20 mn avant la descente

Si nous avons choisi ces 3 vols d’essai pour illustrer nos propos c’est
parce qu’ils ont été effectués sur des avions complets … sur A318… et à
3 PNC.

Nous tenons d’ailleurs à disposition de nos collègues PNC les comptes-rendus
de tous les vols d’essai réalisés par nos délégués MC sur 319, 320, 321 et
737.

Cependant, un gros travail reste à faire dans le comité de suivi, réservé
aux signataires, pour faire évoluer le produit sur les vols longs. Nous
travaillons sur deux points principaux : diminution du nombre de versions
(les plus pénalisantes) et suppression de certaines prestations chaudes sur
les vols longs. Même si les vols longs ne représentent qu’environ 12 % de
notre activité sur Moyen-Courrier, se sont bien souvent les vols les plus
pénibles et donc, les vols sur lesquels nous devons être plus vigilants pour
ne pas que le marketing impose un service LC avec compo-peq MC.

L’autre point noir que nous voulons résoudre c’est celui de l’interface
sol/vol qui est très problématique pour le CC. Nous devons absolument
réussir à simplifier cette phase essentielle du vol et à pousser la
Compagnie à trouver les moyens humains au sol pour décharger le CC de
certaines de ses tâches. Ce problème n’est pas nouveau, mais les
compositions d’équipage réduites vont le rendre plus crucial. Nous avons bon
espoir de pouvoir exercer les pressions nécessaires, au plus haut niveau de
l’entreprise, pour enfin obtenir des résultats concrets sur ce sujet
critique.

Il convient d’observer qu’Air France est la seule compagnie à mettre dans un
protocole d’accord la définition des services et la composition d’équipage.
Dans la plupart des autres compagnies tout cela est laissé à la main de la
direction qui aménage comme elle l’entend le service et le nombre de PNC.
Notre volonté est de continuer à intégrer les services dans un accord pour
garder la main sur ce qui fait notre travail de tous les jours et ce qui
peut nous rendre la vie impossible si on laisse les « as » du marketing qui
ne connaissent des avions que les maquettes dans lesquelles ils simulent
leurs inventions.

Même si, nous avons fait du travail en intersyndicale sur ce sujet, force
est de reconnaître que nous n’avons pas pu fédérer nos collègues des autres
syndicats sur notre projet. Certains et non des moindres n’ayant même pas
jugé utile de participer aux vols d’essai !

En guise de conclusion, avec cet accord, nous avons réussi à sauvegarder le
Moyen Courrier en interne à Air France, les PNC en sureffectif sur le MC
bénéficieront de la mobilité pour aller sur LC et cela dès le 1er avril.
Ajoutés aux embauches prévues avec l’arrivée de nouveaux avions sur LC ce
sont au total près de 1000 PNC qui bénéficieront de la mobilité pour aller
sur LC au cours de l’année 2004. Et parce que nous ne voulons pas que les
charges de travail individuelles du PNC soient augmentées et parce que nous
voulons contractualiser les méthodes de services dans un véritable accord
plutôt que de laisser le marketing imaginer des services irréalistes, la
négociation doit continuer à l’intérieur du comité de suivi.

Même si des résultats significatifs ont déjà été obtenus sur l’allégement du
service, notre travail continue. Voici les raisons qui ont conduit les
délégués de l’UNAC à signer ce protocole d’accord sur les compositions
d’équipage et le service à bord, signature conditionnée à la satisfaction de
nos demandes sur la simplification du « produit ».

Par conséquent, nous n’appelons pas à participer au mouvement de grève
déclenché par certains syndicats.

Les délégués syndicaux de l’UNAC