LES ACTUALITÉS

Respect et dignité

Le 1er février, nous perdions une collègue après une chute accidentelle d’un
escabeau. Suite à ce tragique événement, un conflit a été déclenché vendredi
par le personnel de piste, consécutivement à la mise à pied conservatoire
avec solde du chauffeur de l’escabeau mobile. Depuis, nous sommes témoins
d’un battage médiatique inconsidéré, alimenté par les déclarations plus ou
moins heureuses de représentants de la Direction et d’Organisations
Professionnelles, mélangeant tous les sujets pourvu que ça fasse parler, en
oubliant que derrière ce déchaînement, une famille
reste en deuil.

Il n’est pas « politiquement correct » pour une Organisation Professionnelle
de critiquer le mouvement social d’une autre corporation, ni de minimiser
les difficultés que rencontrent nos collègues en piste pour effectuer
correctement leurs tâches. Ces discours sont ceux des Directions et la
population PNC en a, par le passé lourdement payé le tribut. Souvenez vous
d’une période pas si lointaine où le droit de grève du PNC était ouvertement
contesté par la Direction, y compris dans des spots publicitaires
télévisuels.

Cependant on ne peut pas tolérer que la disparition de notre collègue soit
reléguée à un événement mineur. Les débats lancés par les uns et les autres
sur les conditions de travail pénibles d’un personnel comparé à celle d’un
autre, les écarts de rémunération, la préservation de l’emploi, s’ils
restent de vrais sujets syndicaux ne peuvent en aucun cas servir de
justifications à l’oubli précipité, de la disparition de notre collègue.

Nous sommes profondément choqués de l’exploitation de cette affaire
sur fond de campagne électorale.

Plusieurs enquêtes sont en cours et nous ne préjugeons pas de la culpabilité
de notre collègue de la piste, de la même manière nous ne préjugeons pas de
son innocence. Ces enquêtes doivent être menées dans la plus grande
transparence et doivent mettre en lumière les responsabilités de chacun,
sans exonérer ni les acteurs de ce drame, ni l’entreprise, dont on peut
penser que les politiques ambitieuses en terme de ponctualité ou d’économie
d’effectif, ont une incidence directe sur l’accomplissement des tâches des
personnels.

Nous avons été fréquemment interrogés ses 5 derniers jours pour savoir si
nous étions solidaires du mouvement de grève en cours, notre réponse est
très claire, nous sommes solidaires de la famille de Laurence,
solidaires de son compagnon, solidaires de ces deux jeunes enfants, et c’est
dans la dignité et le respect que nous attendons de comprendre comment et
pourquoi un tel accident a pu se produire.

(Le texte ci-dessus a fait l’objet d’une DÉCLARATION FAITE DEVANTLES ÉLUS DU
COMITÉ CENTRAL D’ENTREPRISE D’AIR FRANCE LE 24 FEVRIER 2005
PARL’ADMINISTRATEUR PNC)

Nous avons proposé au compagnon de Laurence de publier le courrier que
Maître VIRY, son avocat a adressé à deux organisations syndicales, dont nous
avons masqué les noms, pour ne pas prendre le risque d’ajouter au grand
déballage électorale une quelconque récupération polémique. Vous trouverez
ce document ci-dessous.

ÉPINAL, le 22 février 2005

Madame, Monsieur,

Je suis le Conseil de Monsieur L., époux de Madame Laurence
BRENIER-CLAUDE, décédée tragiquement le 1er février 2005, et des
parents de cette dernière.

Depuis cette triste date, la famille s’est donnée le temps du
recueillement face à ce drame cruel qui l’a profondément meurtrie, et
n’a eu pour seule préoccupation que de préserver l’équilibre des
enfants de Laurence, âgés de 6 et 3 ans.

La famille a suspendu toute action procédurale aux résultats des
différentes enquêtes diligentées pour faire la lumière sur les
circonstances de cet accident, et pour déterminer les responsabilités
de chacun.

Aujourd’hui, le deuil de cette famille est entaché par les manœuvres
et propos de certains qui ont vite oublié celle qui fut leur collègue,
pour mener leur lutte d’influence, à quelques jours de l’élection des
délégués au Comité d’établissement d’Air France…

Cette famille est choquée que la mort de Laurence soit le prétexte à
un combat syndical.

Cette famille est révoltée par l’utilisation faite de ce drame alors
que les conclusions de ces enquêtes ne sont pas rendues et qu’aucune
décision définitive n’a été prise à l’encontre de quiconque.

Il est incompréhensible et insupportable pour l’époux et les parents
de Laurence de constater que pas un mot, pas une attention, pas une
pensée ne soient réservées pour cette jeune maman de 35 ans qui a
perdu la vie et qui laisse une famille, unie et heureuse jusqu’à cet
accident, dans une douleur indélébile.

Seul prédomine ce jour un sentiment où l’indignation rejoint la colère
pour les proches de Laurence, laissés seuls dans leur souffrance,
spectateurs effarés de querelles menées sur sa dépouille.

Le moment venu, et sur la foi de leur conscience, ils feront
judiciairement prévaloir leurs droits, en mémoire de Laurence.

Pour l’heure, c’est le désarroi et le chagrin qui les animent.

Veuillez agréer, Madame, Monsieur, l’expression de mes salutations
distinguées.

Stéphane VIRY