TMS : troubles musculosquelettiques
Deux
de vos courriers récents ont particulièrement attiré notre attention. Nous
les reproduisons ci-dessous en tout anonymat et remercions leurs rédacteurs
de ne pas hésiter à nous alerter directement par mail. Continuez !
Bonjour,
J’arrive
ce matin de Tokyo et je m’empresse de vous écrire car je suis très inquiète
de l’expérience subie cette nuit.
Avant notre départ le CDB nous
informait que notre vol avait été choisi pour expérimenter une nouvelle
gestion de carburant sur les vols ralentis.
L’objectif était
d’économiser 5 tonnes de kérosène (soit environ 300O euros).L’idée est donc
de prendre la route dite normale (celle des vols dejour) et 6 heures avant
l’atterrissage, de voler à plus base altitude tous en gardant la même
vitesse. L’avion est donc fortement incliné, au point que l’on a
l’impression d’être en fin de montée…
Incidences :
– Variation d’altitude très douloureuse aux oreilles au point d’être
réveillé pendant le repos (observés par tous les PNC),
– Jambes extrêmement lourdes (observés chez tous les PNC),
– Voitures difficiles à tirer et qui me rappelle étrangement le
Moyen-courrier…
– Plateaux qui dépassent d’environ 10 cm si on a
la mauvaise idée de laisser les 2 portes de la voiture ouvertes.
Illustration UNAC
Ces constats ont bien évidemment été rapportés au CDB, qui nous affirme avec
aplomb que nous nous en serrions pas aperçu s’il nous avait rien dit et qui
estime qu’en plus ça nous fait faire du sport…
Tout
l’équipage était très inquiet car bien évidemment le risque est la
généralisation de cette procédure. Je suis bien consciente qu’il n’existe pas
de petites économies mais là elles se font carrément aux détriments des
PNC…!!!!!
Merci de me tenir informer de tous renseignement que
vous pourriez obtenir àce sujet et n’hésitez pas à me contacter si vous en
aviez besoin.
A bientôt.
*********************
Bonjour,
Juste un petit mail pour vous communiquer une info qui -je
pense- à le mérite d’être suivie de près :
J’étais
sur l’ AF 277 NRT-CDG. Nous avions à bord un ingénieur aéronautique AF
rattaché au secteur 777 (?).
Sa mission à bord était de
vérifier, en collaboration avec le CDB, une hypothèse concernant le domaine de
vol dans le but d’économiser du carburant sur cette ligne (le Tokyo du soir
qui est ralenti au retour pour ne pas arriver trop tôt à CDG).
L’option
retenue est de descendre à 26 000 pieds durant le dernier 1/3 de vol et
d’augmenter l’assiette de l’avion -normalement 0.5°- afin de "planer" un peu
plus et donc de consommer un peu moins.
Le bon coté : effectivement
ça marche, d’après ce que j’ai cru comprendreils ont réussi à économiser
environ 8 tonnes de kérosène ( à 800 € latonne, c’est pas mal en effet)
Illustration UNAC
Le mauvais coté : le surplus d’inclinaison de l’avion est très perceptible en
cabine mais dixit le CDB -très sympa en l’occurrence- ça procure un confort
supplémentaire pour les passagers puisque l’inclinaison de leur siège s’en
trouve augmentée – c’est drôle en effet….. mais ce qui est vrai pour les pax
ne l’est pas pour le PNC.
C’est même pénible.
En
bref, on ressent énormément la différence en position debout. Tirer les
voitures du galley du fond vers le haut de la cabine devient plus pénible
encore. La position debout n’en est que moins confortable aussi (le dos
compense l’inclinaison).
D’après ce que j’ai compris, si l’essai
s’avère concluant, ce dispositif sera mis en application sur l’AF 277 et sur
un des Pekin retour. C’est peu mais c’est chiant -pardon- quand même.
Solution
débile : comme on passe la majeure partie du vol face aux pax et doncdos à la
marche : soumettre l’idée à l’habillement de déplacer lestalons des chaussures
sous les orteils.
Je ne suis pas sûr d’avoir été très clair dans
mon explication, n’hésitez pas à me contacter si nécessaire.
NDLR
: Vos explications sont limpides et nous confortent dans la méfiance à avoir
sur toutes les "bonnes idées" de la Direction.
Alors
que l’on connait l’énorme impact des Troubles Musculo Squeletique (TMS)sur les
arrêts maladie des PNC, on ne peut que s’étonner de cette prise d’option.
Confirmant par ailleurs, qu’un dos cassé de PNC est bien peu de chose en
regard de "belles" économies de précieux carburant.
Reste
à couper un ou deux pack de recyclage d’air cabine pour atteindre des sommets
de fatigue et de mal-être.
Nous
intervenons, dès ce mois, en ordre du jour des délégués du personnel pour
tenter de mettre fin à ces pratiques.
Vos rapports de vol nous
seront précieux !
Les troubles
musculosquelettiques (TMS) sont des pathologies multifactorielles à composante
professionnelle. Ils affectent lesmuscles, les tendons et les nerfs des
membres et de la colonne vertébrale. Les TMS s’expriment par de la douleur
mais aussi, pour ceuxdu membre supérieur, par de la raideur, de la maladresse
ou une perte de force. Ce risque qui n’est ni physique, ni chimique ou
biologique n’est pas vraiment nouveau puisqu’il était déjà présent au 19ème
siècle. Son émergence actuelle s’explique notamment par des changementsdans
l’organisation du travail. Le juste à temps, le flux tendu ou stock zéro
imposent un niveau de charge de travail relativement constant. Beaucoup de
tâches imposent également des gestes fins, précis et répétés.
Tous
les ans, les lombalgies sont à l’origine en France d’environ 100 000 accidents
de travail avec arrêt (13% de l’ensemble des accidents de travail avec arrêt).
La durée moyenne de ces arrêts de travail est en croissance constante ces
dernières années et atteint 43 jours (moyenne pour l’année 2001).
