A l’heure où tout le monde s’inquiète, nous avons interrogé nos collègues de l’UNAC PNT, qui nous ont expliqué quelques notions de base.
1. Qu’est-ce qu’un tube pitot ? Qu’est-ce qu’une adiru? Comment l’avion peut-il continuer de voler si les pitots ne fonctionnent pas ?
Le pitot est un tube monté sur le fuselage de l’avion, face au vent relatif, qui permet de déterminer la vitesse de l’avion. On détermine une vitesse à partir de la pression dynamique (liée au « mouvement de l’avion » dans la masse d’air).
La pression statique est la pression « ambiante », autour de l’avion, indépendamment du mouvement.
La formule est simple : Pression totale = Pression dynamique + Pression statique.
Le pitot détermine la pression totale et la pression statique : par différence on peut donc déterminer la pression dynamique, et donc la vitesse.
Ces informations de vitesse sont ensuite traitées par des calculateurs (entre autres, les ADIRU) qui permettent leur affichage sur les écrans des pilotes.
L’information de vitesse est essentielle pour un pilote. Elle lui permet de maintenir l’avion dans son domaine de vol, c’est-à-dire dans les conditions qui lui permettent de voler. S’il en est privé, une manœuvre d’urgence lui permet de maintenir son avion dans la bonne tranche de vitesse en affichant une assiette donnée (cad une position du « nez de l’avion » par rapport à l’horizon) et une poussée réacteurs donnée. Les conditions dans lesquelles se trouve l’avion au moment de cette manœuvre la rendent plus
ou moins délicate à accomplir.
2. De combien de pitots dispose l’avion ?
L’airbus A330/A340 dispose de 3 pitots : 1 pitot CDB, 1 pitot OPL et un pitot standby. Ces 3 pitots sont en général de même type.
Le pitot CDB correspond aux informations de vitesse affichées sur l’écran CDB, le pitot OPL celles de l’écran OPL et le pitot standby permet d’alimenter les instruments de secours.
3. Quels sont les cas possibles et/ou répertoriés de dysfonctionnements des pitots ?
Le pitot peut dysfonctionner lorsqu’il est obstrué. Il peut notamment être obstrué par de la glace (givrage). Pour l’éviter, les pitots sont réchauffés pendant toute la durée du vol.
Concernant l’A330/A340, il semble qu’un certain type de pitots soit plus sensible au givrage, en comparaison à un nouveau type de pitots dont l’évacuation des particules humides a été facilitée. Tous les avions de la flotte sont aujourd’hui équipés d’au moins 2 nouveaux pitots : en imaginant que le seul pitot ancienne génération givre, l’avion est pilotable dans de bonnes conditions. Tous seront équipés de 3 nouveaux pitots dans les prochains jours.
Il appartient à la commission d’enquête de confirmer ou d’infirmer le lien entre un possible dysfonctionnement des tubes pitots ancienne génération et l’accident de l’A330.
