
Le plan stratégique du Président JANAILLAC a été rendu public. Outre la nomination d’un Directeur Général Monsieur TERNER, nous apprenons la création d’une nouvelle entité destinée à contrer les offensives concurrentielles sur nos lignes mixtes (Business et loisir) déficitaires. Alors que nombres de spécialistes de l’aérien imaginaient la création d’une « Low-Cost », Long Courrier, le projet prévoit la création d’une « Low Fare » sur un segment tout à fait différent.
Il s’agit d’opérer les lignes déficitaires d’Air France par une nouvelle compagnie, dont les coûts seront rabaissés pour challenger les compagnies du golfe ou asiatiques en ce qui concerne le long-courrier, mais également sur les lignes traditionnelles moyen-courrier.
Force est de constater que cette politique est particulièrement novatrice, puisqu’à contrario des politiques de croissances évoquées jusqu’à présent, il ne s’agit plus de conquérir un terrain déjà occupé, celui du « Low-Cost », mais d’inventer autre chose.
Avant tout ce projet remplit le premier objectif du carnet de route de Monsieur JANAILLAC : créer une pause sociale dans l’entreprise mère. Il n’échappera à personne que les échéances présidentielles toutes proches ne sauraient souffrir de quelconques turbulences au sein de la première entreprise du bassin parisien, en terme d’emplois.
La solution envisagée est donc particulièrement intelligente, à défaut de pouvoir réformer en interne sans fracas, il faut le faire en externe, tout en rassurant les premiers acteurs, sans qui, ne peut aboutir ce projet, les pilotes.
Effacer la rupture sociale, Trust to Me, on coupe les têtes, on réforme l’organigramme, on change de parfum : framboise plutôt que citron amer. Mais surtout on solde définitivement « Transform » pour l’ensemble des catégories de personnel et en particulier pour les pilotes. Plus on ouvre des perspectives de croissances en heure de vol sous un nouveau pavillon « Air France Truc », opérées par des pilotes sous contrat « Air France historique », plus on rassure nos pilotes en terme d’emplois et de promotions.
Nos collègues syndicalistes PNT ont bien fait leur boulot et personne ne peut les en blâmer. En ce qui concerne nos collègues du sol, on peut imaginer que ce projet soit considéré, au moins pour les fonctions support comme une opportunité de maintien d’emplois. Il n’en sera sans doute pas de même pour les fonctions de « Front-Office » qui tendent à être soit externalisées, soit « robotisées ».
En ce qui concerne le PNC, nous risquons d’être les grands perdants de ce projet. A court terme cela peut paraître rassurant, rien d’important ne va bouger dans les quatre mois de négociation d’accord collectif à venir. Nous pouvons même imaginer obtenir un accord sur une longue durée, 3, 4, 5 ans ? Nous pourrons tous et toutes, nous dire qu’en somme, nous nous en sortons bien, grâce à qui, grâce à quoi ?
La prose syndicale ne manquera pas de nous le dire. Mais une chose est certaine, c’est qu’à moyen terme nous aurons collectivement le regret de ne pas avoir fait du Jujitsu collectivement, c’est à dire accompagner le mouvement de l’adversaire : la Direction.
La césure sociale PNC n’est pas pour tout de suite dans l’entreprise Air France, mais elle le sera demain sans coup férir. En fait, au prétexte de challenger nos concurrents les plus directs sur nos lignes, c’est avant tout un projet qui consistera, demain à nous challenger entre nous, « PNC AF Truc » et « PNC PNC AF historique ».
Nous ne manquerons pas de constater l’attrition de notre réseau AF historique au profit d’AF Truc. Adieu Veaux, vaches… Cancun, Osaka, Bangkok, Séoul, et cochons selon la célèbre Perette et son pot au lait.
En créant, une entité similaire, opérant sur un même segment de marché, à coûts moindre, notre premier concurrent sera notre nouvelle filiale. Autant se dire la vérité, le vrai sujet de négociation sera moins le maintien de nos conditions d’emplois et de rémunération que celui de l’organisation de la filière groupe France en terme de flux PNC, entre HOP, TO, AF Truc et AF.
Alors Game Over ou Extra Ball ?
Eric Chauvel, Vice-président UNAC